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mercredi 19 décembre 2012

20 décembre - Force de l'habitude

Fête du Grand prix de l'urbanisme - avec la soirée de l’Équerre d'argent en janvier, c'est LE grand rendez-vous de l'année, sorte d'obligation professionnelle pour moi: depuis quelques années, j'en ressors avec des commandes ou des pistes de boulot pour l'année à venir. Et j'en ai bien besoin ces temps-ci, puisque je cherche à me diversifier, côté privés plutôt que publics qui, de toutes façons, vont geler leurs commandes jusqu'aux élections municipales. Donc, faut être en forme, volubile et sérieuse à la fois, convaincue. Pas exactement comme ça que je me sens, mais je fais confiance à la force de l'habitude et à la coupe de champagne, qui aide pendant une demi-heure.
Cette année, François Grether est fêté - valeur sûre de l'urbanisme à la française, qui avait étonnamment échappé à l'honneur jusqu'à présent. Un homme de bon sens consensuel, peut-être trop, reconnu par tous mais pas vraiment admiré et qui ne fera pas d'émules. Il craint un peu les feux de la rampe et pourtant était malheureux que ce prix ne lui soit pas encore tombé dessus - humaines contradictions.
Comment pétiller? Bon sang! Je regarde mon amoureux dans la foule, incognito sauf de quelques amis: comme de juste, il dégage ce mélange de virilité et de gentillesse riante qui me plait. Je me souviens des éditions précédentes, où je l'observais de loin, avec fierté. Mais cette année, plus tristounette, comme si l'ère de la conquête était derrière moi. Comme si la crainte de l'habitude pesait plus que les promesses. Je n'ai jamais su construire une relation durable et heureuse: tous ces échecs me poussent entre les omoplates (là où j'ai mal depuis une semaine). Et le doute : ai-je appris assez pour éviter de me planter encore?

mercredi 27 juin 2012

28 juin - Pas facile

Ils sont tous là, autour de la table, dans une pièce trop petite, avec leurs morceaux de mousse ou de carton qui fabriquent des maquettes, à tenter d'accorder leurs violons. Ils partagent une même inquiétude devant les densités qu'ils doivent appliquer aux îlots sur lesquels ils travaillent - "tombés en syncope", selon la formule de l'un d'eux, lorsqu'ils ont commencé à faire entrer les mètres carrés demandés sur leurs parcelles. Alors ils cherchent comment attraper le soleil, comment faire pénétrer le parc à l'intérieur des îlots, comment créer des porosités, avec quelles transparences... 
Ils sont onze équipes d'architectes, travaillant avec cinq promoteurs, pour fabriquer le quartier ouest des nouvelles Batignolles, entre voies ferrées et parc récemment inauguré (conçu par Jacqueline Osty, avec François Grether urbaniste en chef). Tout ce joli monde réuni en atelier, pour imaginer une ville vivable (et vendable, pas facile à des prix pareils! Les logements privés tournent à 17000 € le m2). Autant dire que c'est pas du tout cuit, ici (limite nord de Paris). 
Ils se posent des questions de hauteurs : combien d'émergences à 50 mètres (on évite le mot "tour")? Pour fabriquer quel skyline? Ils craignent les ombres portées de leurs bâtiments sur le parc et sur les promenades (pas de miracle, en hiver l'ombre d'un immeuble atteint le triple de sa hauteur), les vents à utiliser pour des ventilations naturelles mais en évitant qu'ils s'engouffrent méchamment dans les rues. On leur demande de fabriquer un socle (avec des commerces mais pas seulement) et ils ne savent pas si c'est une si bonne idée...
Foutu pari!

mercredi 20 juin 2012

21 juin - Un autre monde

Un nouveau boulot commence, pour l'opération Batignolles - ça ne fait pas de mal de bosser un peu à Paris. Mais vif sentiment de dispersion. Saint-Étienne sur le feu (grosse pression pour écrire un livre en un mois, là-bas ils se demandent comment c'est possible; parfois moi aussi mais j'évite de le dire), Nantes toujours sur un coin de table (l'expo sur l'Ile à fignoler, un prochain numéro des Chroniques à projeter, mais tranquille jusqu'à l'automne), Malakoff en souffrance (à reprendre en août). Et Batignolles, nouveau dossier : faire le récit d'une démarche urbaine assez rare, l'organisation d'un atelier dans lequel travaillent ensemble les aménageurs, l'urbaniste en chef François Grether et la paysagiste Jacqueline Osty, cinq promoteurs et leurs onze architectes... Du ramdam en perspective, des débats intenses j'espère...Pour moi une occasion de me stimuler les neurones, avec en ligne de mire ces satanés questionnements sur la ville du 21e siècle (qui sera ou ne sera pas: à quelles conditions?) - comment l'imaginer durable, aimable, confortable??? Encore une fois prendre un bain d'optimisme pour réaffirmer l'avenir de la ville européenne, envers et contre tout. 
Et pendant ce temps-là, mon cœur est ailleurs. Parce que toutes ces histoires, au fond, comptent pour rien alors que je pense à l'amant, je soupire et désire, rêve de tout ce temps à partager, à ses côtés. Un autre monde, où dire et faire l'amour serait bien plus important que travailler, bien plus important même que participer à la fabrication du monde futur (oups).
Comment je fais, pour me concentrer ?