Ils sont tous là, autour de la table, dans une pièce trop petite, avec leurs morceaux de mousse ou de carton qui fabriquent des maquettes, à tenter d'accorder leurs violons. Ils partagent une même inquiétude devant les densités qu'ils doivent appliquer aux îlots sur lesquels ils travaillent - "tombés en syncope", selon la formule de l'un d'eux, lorsqu'ils ont commencé à faire entrer les mètres carrés demandés sur leurs parcelles. Alors ils cherchent comment attraper le soleil, comment faire pénétrer le parc à l'intérieur des îlots, comment créer des porosités, avec quelles transparences...
Ils sont onze équipes d'architectes, travaillant avec cinq promoteurs, pour fabriquer le quartier ouest des nouvelles Batignolles, entre voies ferrées et parc récemment inauguré (conçu par Jacqueline Osty, avec François Grether urbaniste en chef). Tout ce joli monde réuni en atelier, pour imaginer une ville vivable (et vendable, pas facile à des prix pareils! Les logements privés tournent à 17000 € le m2). Autant dire que c'est pas du tout cuit, ici (limite nord de Paris).
Ils se posent des questions de hauteurs : combien d'émergences à 50 mètres (on évite le mot "tour")? Pour fabriquer quel skyline? Ils craignent les ombres portées de leurs bâtiments sur le parc et sur les promenades (pas de miracle, en hiver l'ombre d'un immeuble atteint le triple de sa hauteur), les vents à utiliser pour des ventilations naturelles mais en évitant qu'ils s'engouffrent méchamment dans les rues. On leur demande de fabriquer un socle (avec des commerces mais pas seulement) et ils ne savent pas si c'est une si bonne idée...
Foutu pari!
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