Avant, c'était juste pour fêter l'armistice de la Grande guerre ("grande"?). Cette année, pour la première fois (grâce à une loi Sarkozy de février dernier) le 11 novembre rend hommage à tous les "morts pour la
France" : civils ou militaires, d'hier ou d'aujourd'hui, y compris tombés dans ces opérations pudiquement désignées comme "extérieures".
C'est terrible, je peux pas m'en empêcher, mais toutes ces manifestations nationalistes me sortent par les yeux. Consciente quand même de la gratitude pour la chance d'être née dans ce pays (après les "grandes" guerres): ce serait nettement moins drôle d'être femme au Pakistan ou en Afrique du nord, par exemple. Et ça me dirait rien d'être nord-américaine. Mais au nom de quoi les morts "pour" ce pays méritent-ils un hommage particulier? Les soldats perdus en Afghanistan ces dernières années, par exemple? Et tous les héros des guerres coloniales et dé-coloniales? Pour célébrer ça, il faut vraiment croire que la Nation (avec majuscule, évidemment) transcende la raison, qu'elle a toujours raison - contre l'évidence de l'Histoire (avec ou sans majuscule?).
La Nation, les festivités de ce 11 novembre nouvelle manière le prouvent bien, existe essentiellement par ses morts. Nécrologique. Nostalgique. Suicidaire. Quant à la valeur, aujourd'hui, de cette notion du 19e siècle, elle me semble fort douteuse. Si je pouvais me balader avec un passeport européen, oui, ça aurait du sens (ah, si tous les jeunes Français avaient bénéficié d'un Erasmus, les Allemands, les Espagnols, etc., on n'en serait pas là).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire