dimanche 30 décembre 2012

31 décembre - Moi et le Monde

Voilà la boucle bouclée. J'ai tenu le pari : un post par jour, un jour à l'avance. En retard trois fois (dont hier). L'exercice de style débouche-t-il sur quelque chose? J'ai choisi de ne pas changer la règle en cours de route, même en me rendant compte qu'une journée à l'avance seulement n'encourage pas à l'imagination mais plutôt à suivre l'actualité - le vieux fond journaliste a refait surface, au détriment du risque littéraire. 
Pour l'essentiel, il m'a semblé trouver là un vrai thème, dans le tissage entre mon vécu quotidien (malgré tout, l'exposition blog m'a fait reculer devant trop de détails personnels) et l'histoire de la planète. Quelque chose du genre "Moi et le Monde", flirtant avec le ridicule et pourtant je sens bien que nous sommes tous sur ce fil-là, pris entre nos impératifs intimes et la grande échelle collective, la crise, les doutes, la fatidique  "transition". "Comment être soi au monde?" s'interrogeait une artiste pédante dans une expo croisée cette année.
Il va falloir prendre le temps, maintenant, de tout relire. J'aimerais pouvoir en tirer quelque chose, y broder un autre travail d'écriture, plus exigeant, personnel, drôle... Plus de tout ce qui a manqué, j'imagine.
En guise de bonne résolution, se souvenir de René Char, que cite Laurent Hasse (réalisateur de "Le Bonheur... terre promise"): "Il n'y a pas de moyen de faire le premier pas, il faut juste le faire." Ce sera le thème de ma carte de vœux - histoire de continuer à broder sur le thème de la transformation (jamais finie, elle).

30 décembre - paradoxes de consommer

Le dernier dimanche - de l'année, de ce blog. En fait le samedi a été plus court que prévu, alors dimanche doit tenir les promesses de la veille: le marché, la salle de sports. Et le Village des marques à Marne-la-Vallée - spécial promotions avant les soldes, qui commencent le 2. Une pure folie, tellement il y a de monde - pourquoi ils ont eu la même idée que nous? Mais finalement le plaisir d'essayer tous ces beaux vêtements. 
J'ai du mal: je ne m'aime pas, ces temps-ci. Ça ne pousse pas à l'achat. Et pourtant bien décidée à craquer; besoin d'un manteau chaud et facile. Et quoi d'autre? Lui, il cherche une veste. J'aime le voir essayer, faire le coquet, chercher les regards admirateurs des dames - ou bien je rêve et il ne cherche que le mien? J'aime comme il se déplie, grand et souriant.
Ces occasions de dépenser, de consommer, me font paradoxe: du plaisir et de la culpabilité. Plaisir de posséder, de trouver le beau chemisier en dentelles qui va faire fête. Culpabilité d'accumuler. Et honte de participer à ce grand mouvement de gaspillage que, vertueuse parpaillote, j'aimerais être capable de renier sans états d'âme. 
C'est bien la difficulté de cette foutue "transition" (énergétique ou pas): je/nous la voudrions radicale, enthousiaste, porteuse d'un nouveau modèle et du monde qui irait avec. Mais dans la vérité vraie du quotidien, je/nous utilise ma voiture au lieu de pédaler, continue à acheter des falbalas au lieu de recycler les vieilles frusques, prévoie de faire bombance pour le réveillon... Pas de quoi être fière, Fridou, la donneuse de leçons! Pas de quoi me fustiger non plus, dirait mon homme, qui fait preuve de bien des complaisances quand ça l'arrange - et m'incite à faire de même, au moins pour ne pas culpabiliser inutilement.
Si je me souviens de la 9e étape dans le programme de 12, la meilleure façon de faire amende honorable, c'est bien sûr de remplacer son vieux comportement pas un nouveau.

vendredi 28 décembre 2012

29 décembre - vacances à Paris

En amoureux. Des vacances à Paris, avec tendresses, belle baise, promenades, passer au marché pour quelques citrons, faire un tour à la salle de sport, sortie au cinéma - j'attendais d'être avec lui pour aller voir Skyfall, mon premier James Bond depuis Sean Connery... (le monde dans le chaos, vrai thème) - se faire des petits plats (délicats et légers, pas question d'engraisser ni de peser sur le foie). 
Heureuse. J'apprends à profiter. Simplement.

jeudi 27 décembre 2012

28 décembre - Libidinale beauté

Rendez-vous avec Hopper. Ya la foule, c'est pas terrible d'aller voir une expo à succès en pleine période de vacances, quand les visiteurs d'ailleurs s'ajoutent à ceux d'ici. Juste ce que je m'étais promis d'éviter et puis pas trop le choix. Parce que je voulais vraiment y aller avec mon homme, épris d'Amérique en général et de New York en particulier. Donc déjà une chance d'avoir pu réserver le créneau du soir. 
Edward Hopper, Nighthawks, 1942 © Art Institute of Chicago

Alors, découvrir des dessins, approcher une peinture "maladroite" (je crois que j'apprends à aimer la maladresse), écouter les résonances de cette œuvre avec le cinéma, observer comment il décrit la vie de couple - pas toujours enthousiasmante. 
Partager ces moments-là avec mon amoureux, c'est un plaisir particulier - est-ce que la fréquentation de l'art ou de la beauté exacerbe notre libido? Dans les expo, nous nous caressons, perdons, retrouvons, embrassons. Peut-être grâce à Venise, lieu de notre rencontre, depuis nos premières heures amoureuses, c'est dans notre histoire. Un bonheur à être là, ensemble. Et une promesse d'avenir, de tout ce qui nous reste à découvrir, ensemble

mercredi 26 décembre 2012

27 décembre - droit chemin

Dernières courses à la Migros (pas oublier l'ail en tube), TGV à Lausanne, traces de neige à Vallorbe (toujours très beau, ce passage de frontière), du train sans bosser sur l'ordi ça fait bizarre, juste lire un peu, écrire un peu. 
Heureuse de retrouver la maison? Je ne sais pas. J'aimerais attendre encore, souffler encore, dormir encore. J'ai trop mangé, et abusé du chocolat, me sens un peu patraque - pas terrible, avant d'attaquer la fin d'année avec mon amoureux. Et comme toujours après les agapes, j'aime pas ma compagnie. Faut se remettre - autant préciser "remettre dans le droit chemin". C'est l'effet gueule de bois: une bonne dose de culpabilité sur fond hépatique, tout ça mélangé. Avec un air "bonnes résolutions" qui ne trompe personne. Et le sentiment de malaise parce qu'il arrive demain et je me sens pas prête!
Ce serait une bonne idée de prendre les choses autrement: un tour à la piscine et à la salle de gym pour nettoyer la bête. Et fêter le retour dignement.

mardi 25 décembre 2012

26 décembre - Glander

Rituels vaudois, suite. La promenade à Lavey, délices des eaux chaudes, la piscine dehors, les éclaboussures, le hammam, le chant des baleines dans la piscine intérieure, les glaçons à la sortie du sauna (à chaque fois, je me rappelle que les Finlandais, inventeurs de la chose, disent "la" sauna, et ça me plait). La montagne de Lavey est sombre, grise - quand on y va en fin de journée, il y a des éclats de soleil sur les sommets autour mais cette fois nous y sommes par temps gris. Et puis la promenade le long du torrent avec le chien, jusqu'à la fontaine d'eau sulfureuse et sa savoureuse odeur d’œuf pourri ("l'alcool, non, l'eau ferrugineuse, oui"). Dans le lit de ce torrent, j'ai souvent glané des jolis cailloux (hiboux, genoux...), cette fois j'en cherche un pour mon homme, en caressant le petit coquillage qui survit dans la poche gauche de mon manteau, écaille de nacre que tu as laissée là, je ne sais plus quand, du temps où tu en semais mon environnement, j'en trouvais sur ma tête de lit, près de mes bijoux (choux, poux... y en a-t-il d'autres?)... 
Autre rituel, visite à la Migros, pour rapporter de la  tisane (et du chocolat, aux noisettes, tu l'as demandé). Et une petite visite à Genève encore: nous irons voir le Slava Show, que j'ai loupé à Paris, comme c'est étrange d'avoir une séance de rattrapage ici, sortie spéciale anniversaire de Véronique. 
Et le plus important, je glande. Je contemple le lac, je m'endors sur mon bouquin, je respire à grands traits en marchant dans les vignes.
C'est un luxe d'être  seule, ici. Parce que je n'ai rien à "faire"? Peut-être bien! La vacuité est parfaite lorsqu'elle est totale!

lundi 24 décembre 2012

25 décembre - Traditions

Noël. Un moment pour penser à la famille, donc aux morts (vite fait). Et puis à ma Thilde, qui est si loin, qui commence à me manquer sérieusement, un an et demi sans la toucher, l'embrasser, la prendre dans mes bras, seulement se parler de temps à autre, admirer quelques photos... Il y a deux ans, j'ai commencé le jour de Noël à consulter les sites de voyages, me faire une idée des billets possibles vers Auckland. Et me revoilà en train de chercher vers Bangkok, Singapour, Hong Kong... Des destinations où nous rejoindre pour passer une semaine de vacances ensemble. Et puis comparer les dates de vacances scolaires, ici et là-bas, pour chercher des billets moins chers. Et puis rêver. Ce serait en mai, son hiver, mon printemps?
Noël, tradition. Quand j'étais enfant, à Madrid, les cadeaux se donnaient le 6 janvier, los Reyes. Bien sûr il n'y avait aucune folie consommatrice du genre de celle que nous connaissons aujourd'hui, à laquelle cèdent musulmans et juifs, toutes les occasions de faire la fête sont bonnes mais aussi celles d'acheter, dépenser. Où est la tradition? De quelles traditions s'agit-il? 
D'ailleurs, ça veut dire quoi, tradition?
Du latin tradere, de trans "à travers" et dare "donner" - soit "transmettre" - de préférence un héritage, avec l'idée d'une mémoire collective (inévitablement religieuse!). Mais aussi trahir (un secret), de même origine semble-t-il... Ce qui me fait marrer, bien d'accord avec cette conjugaison qui associe l'héritage et le secret (fondements des familles), la transmission et la trahison (socle des collectivités), l'habitude et le mensonge (risques de toute relation).