jeudi 6 septembre 2012

7 septembre - Consommer

C'est la séance de rattrapage : après son gros bug de juillet, Orange fait cadeau d'une journée appels et SMS de 0h à 23h59. Est-ce une raison pour abuser? Oui oui oui, c'est sûr les bidules vont chauffer - je parie. Les grands-mères de France vont avoir des nouvelles ou en donner. Sans compter la multiplication probable des appels "juste pour dire bonjour". C'est la loi des buffets bien garnis, ils sont dévalisés. Avec en plus un petit air de revanche - il parait qu'ils se font assez de laine sur notre dos, alors... Quelque chose entre je-fais-partie-des-malins et retour-de-ressentiment. 
Parce que du ressentiment, le monde médiatique en fabrique à la pelle: toujours plus que les autres ont et pas moi, c'est le ressort de la pub, elle-même ressort de la société du "bonheur conforme", un livre génial et oublié de François Brune, paru en 1985. Sous-titre: essai sur la normalisation publicitaire. Où il décortiquait déjà le malheur de la surconsommation et de la frustration afférente, car ce bonheur-là, celui de la possession d'objets, c'est comme l'horizon, toujours aussi loin. Mais tant pis, le désir renouvelé gomme chaque déception. Un rien moraliste, évidemment, par exemple : "L’enfant aime la publicité comme le sucre, sans se soucier des caries culturelles qu’elle provoque dans sa vision du monde et de lui-même." Mais difficile de ne pas être d'accord, d'autant que, depuis 1985, le phénomène s'est amplifié, le besoin de "choses" sans cesse inassouvi, toile de fond d'une normalisation sociale qui fabrique une génération d'addicts - sur la base de la définition que nous donnions de l'addiction dans notre livre Vivre sans drogues (devenu Se libérer de ses dépendances, deux versions écrites avec Pascale Senk): être dépendant, c'est croire que l'on n'a pas en soi les ressources nécessaires.
En allant voir sur Google (ha, que ferions-nous sans toi?), je découvre que François Brune a publié en 2003 De l'idéologie, aujourd'hui. Et en 2011 ce livre au titre enthousiasmant: Youm, le cheval qui lisait avec ses narines, et autres histoires dissidentes. Une idée à suivre.

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