Entre la Saint-Laurent traditionnelle et le grand amas des Perséides annoncé pour le 12 août, la Nuit des étoiles se la joue en triplette, trois nuits pour scruter le ciel et faire des vœux. J'adore ça.
Autrefois, je me promenais avec une carte du ciel d'été et je partais en lecture des constellations, le W de Cassiopée au nord, le Scorpion sur l'horizon sud et entre les deux le Serpent (divisé entre Tête et Queue, paraît-il, mais je l'ai toujours vu comme un tout); dans le prolongement de la Grande Ourse, le Bouvier en forme de cerf-volant et son Arcturus si brillante, à côté de la Couronne boréale... Et pas loin Hercule. Oui, je me souviens des nuits à Gordes, la Voie lactée si intense. Et plus encore à Vaillac, dans le Lot, où les cieux étaient d'un noir profond.
La constellation du Bouvier (à gauche, la Couronne) |
Hélas, à Paris, je vais rien voir de tout ça cette année. C'est la pollution lumineuse, cette saleté qui accumule les watts pour le grand bonheur des marchands de lampes et de réverbères. Paradoxalement, les villes nordiques sont les plus modestes en la matière - délicieuses promenades nocturnes dans Copenhague - alors que les méditerranéennes balancent de la douche lumineuse sans discernement (horrible souvenir de front de mer andalous).
Le cas de Venise, merveilleusement sombre (malgré les spots qui interdisent les comportements impudiques dans les ruelles), démontre que cet excès s'explique par la suprématie de la voiture: il faut arroser la voirie, donc aussi les trottoirs et unifier le tout, sinon on crée des effets de contraste qui peuvent troubler ou même, quelle horreur, créer des zones d'insécurité! Alors c'est la surenchère, les monuments s'y mettent, les vitrines... Et les halos des villes, proliférants, nous bouchent le ciel - avec cette couleur sale oranger (à cause d'elle, difficile de lire les reliefs) que diffusent les lampes à sodium - Yann Kersalé, artiste lumière délicat, appelait ça "la sodiumisation du monde".
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