mercredi 22 février 2012

23 février - là-bas

Comment vivre avec la distance quand on n'a pas l'expérience de "la permanence de l'objet"? Il parait que certains savent invoquer leurs souvenirs positifs pour entretenir les liens, même lorsque l'absence les prive de l'autre. Il parait qu'il est normal de jouir d'une conscience de soi relativement continue. Je vois bien que beaucoup d'humains savent faire ça et même les animaux. Alors que moi j'entretiens difficilement la continuité de l'existence. 
Longtemps je me suis vécue comme en pointillé, absence alternant avec présence (celles des autres comme les miennes), enveloppe trouée à la manière d'une passoire traversée par les événements, les émotions. Vide consubstantiel, que j'ai tenté de combler avec divers objets, la nourriture d'abord (bébé déjà), la lecture, le plaisir sexuel, le travail, les projets (c'est plus facile de regarder vers l'avant que vers l'arrière)... Mais beaucoup de dispersion dans tout ça, qui ne fait qu'aggraver les choses : c'est seulement dans la concentration que je me libère de la peur de me dissoudre. Progrès fragile, remis en question dès que la confiance en moi et dans mon autrui s'effrite.
L'amant part en vacances (sans moi, évidemment) : à partir de ce jeudi, les jours sans le voir s'empilent.

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