Une réforme de la famille, en soi, quelle drôle d'idée... Pourquoi faut-il qu'un gouvernement mette les gros doigts de l’État dans ce qui devrait relever de l'intimité? Parce que la confusion est telle que les esprits sont perdus? Ou bien parce que les oppositions trop vives obligent à trancher? Ou parce qu'il faut préparer des mutations que la tradition refuse? Les tenants de la réforme répondent évidemment sur ce registre. Avec suffisamment de mollesse pour décevoir les activistes mais déjà trop de mouvement pour horrifier les rétrogrades.
Mais à quoi ça rime, tout ce tintouin? Un désir aussi forcené de normalité a de quoi inquiéter, du côté des novateurs comme de celui des traditionalistes. Pas moyen de se trouver une place, entre les cathos ultra qui s'offusquent de voir niée la sacro-sainte Famille et les homos qui réclament d'être "comme les autres" - le droit d'être "malheureux comme tout le monde", selon la réjouissante formule de Marcela Iacub dans sa chronique de Libé le 13 octobre dernier. J'adhère pleinement à la véritable réforme qu'elle défend: au lieu de continuer à confondre égalité et uniformité, au lieu de s'arc-bouter aux normes familiales, tourner le dos résolument au vieux monde. Iacub en appelle à des solidarités plus ouvertes, à des associations accueillantes aux enfants comme aux personnes seules et capables d'organiser un partage des tâches autrement plus efficace et joyeux. Un autre idéal que celui de cette famille nucléaire, qui accumule depuis des décennies les preuves de sa dysfonctionnalité.
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