Le matin est brumeux. Puis les nuages s'effilochent, se désintègrent dans les vents agités. C'est la saison des pluies mais pour notre bonheur il pleut la nuit. La mer très verte le premier jour est devenue bleue, d'un bleu ultramarin profond et les risées y inscrivent des rayures grises.
Le talent pour le bonheur de mon amant me ravit. J'essaie d'en comprendre les ressorts - pour en tirer leçons. D'abord constater avec le sourire "j'ai de la chance" (ou "nous avons de la chance") et toutes sortes de raisons invoquables. Par exemple,comparer le temps mitigé ici à celui qu'il fait en France, ou pire à New York, de préférence à celui qu'il pourrait faire ici (moi, évidemment, je commence par regretter le merveilleux soleil de la semaine dernière). Autre règle de jeu : ne pas se regarder vivre pour mieux profiter de ce qui est là. Peut-être est-ce l'essentiel. Peut-être malgré toutes les années, les apprentissages, les renoncements et un certain accord avec moi-même, est-ce le plus pénalisant qui me reste dans les reins, cette manière de commenter le présent, de rester à l'écart de ma vie, de penser à ce qu'il va falloir faire ensuite, ou à ce qui pourrait être. En songeant qu'il y a eu des moments, rares, où j'ai eu le sentiment exaltant de nager dans le flot.
Sans doute faut-il une décision pour sortir du méta. Et une pratique.
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