Comme un long long frémissement. Toute cette eau grise-verte ("étaient-ils verts, étaient-ils gris ou changeaient-ils tout le temps de couleur" chante Jeanne Moreau, mémoire qui flanche), tout ce ciel gris-bleu.
C'est un bonheur particulier de monter sur un bateau, sentiment de métal plus fort que l'eau. L'air est plus vif, la sensation du monde plus aiguë. Il y a du vent, du bruit, du mouvement.
La croisière sur l'estuaire est un moment clé de la biennale entre Nantes et Saint-Nazaire, de l'art contemporain sur les quais, les berges, dans la boue, le fleuve, l'océan. Il y en a aussi en ville mais c'est pour demain. Aujourd'hui se laisser emporter.
Ici le mystère des lieux entre-deux. Eau saumâtre, marées profondes (surtout à Nantes qui, pour perpétuer l'illusion de son port, a lutté contre l'ensablement en creusant, creusant, au point de traumatiser sa Loire), mer et fleuve, ville et sauvage, roselières et prairies, friches industrielles spectaculaires et centrale électrique monument, une écluse qui ne sert à rien (comme le canal qu'elle garde), un port qui essaie de se développer et au bout les chantiers navals, la base sous-marine, Saint-Nazaire ma ville port, que j'aime comme si elle me racontait un peu La Corogne de mon enfance arrachée.
©Patrick Jean - au Muséum d'histoire naturelle |
Et puis tout cela n'est rien, face à l'essentiel, l'horizontal. Une règle posée entre ciel et terre. La loi de lâcher prise.
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