C'est difficile à vivre, la colère. D'abord parce qu'il faut la reconnaître - moi j'ai du mal, j'aime pas. Alors je peux me la trimbaler pendant des jours, à me sentir patraque, à m'en vouloir de mes poussées d'agressivité, à me faire des nœuds dans le ventre. Indigeste.
Et puis une fois que j'admets, qu'en faire? La garder pour en faire des confitures: pas une bonne idée. Mais comment dire, sans violence, sans fuir, sans mentir? J'ai peur de ma parole : trop chaude, elle s'enflamme et empêche la communication. Trop contrôlée, désaffectée, elle fait peur, vécue par l'autre comme du rejet, une condamnation. Alors écrire, c'est plus sûr? Pas sûr.
Parce qu'il reste à respecter mon sentiment. Au pied du mur, je perds le fil : c'était quoi, déjà, qui me mettait tant en colère? Justifié? Injuste? En plein dans le filet.
Mais si j'aime cet homme, il faut bien oser dire. Sinon le désir s'en va, le respect, la confiance... Ne pas dire, c'est trahir. Je le sais, je l'ai déjà fait. Et j'ai pris l'engagement, cette fois, de ne pas répéter les erreurs que j'ai repérées (il en restera toujours assez, de nouvelles erreurs).
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