La semaine continue dans le genre lourd, budget de crise en conseil des ministres: ramener le déficit public à 3% du PIB fin 2013 (contre 4,5% fin 2012), soit trouver une grosse trentaine de milliards d'euros. Ça a quelque chose d'irréel: trop de 0 à visualiser, trop d'incompréhension sur la manière dont les déficits se sont creusés. Et impossible d'imaginer les effets sur la vie de chacun. Sur ma vie?
Refuser la rigueur? Et comment donc? Il est bien évident que le pays tire sur la corde depuis trop longtemps. Que les fonctionnaires s'empilent dans les collectivités, sans efficacité. Que toute l'organisation des services publics est à revoir. Mais accepter la "loi des marchés", pourquoi donc, alors qu'il serait possible de s'offrir un peu d'inflation (si l'Allemagne n'en était pas terrifiée) et des crédits hors marché (si la banque européenne les délivrait directement)?
L'idée de sacrifice ne peut pas passer bien collectivement. L'histoire en a donné trop d'exemples éprouvants et injustes car, en vérité, les sacrifices sont toujours ordonnés par la caste dirigeante (prêtres d'antan, banquiers d'aujourd'hui) et comptés en livres de chair à tailler dans la masse.
Pourtant, dans l'intime, le sacrifice reste un objectif de l'existence : par lui, passer de la voracité à la créativité, du désir à l'action, du manque au don. Il est l'étape inévitable pour devenir soi - renoncer à l'inutile, à l'encombrant, à ce qui perpétue la dépendance au passé, à l'enfance, à l'illusion des missions héritées.
Et je me souviens des Renoncements nécessaires, beau livre de Judith Viorst que publia ma mère dans sa collection, chez Laffont. Et aussi de ce que j'ai écrit dans Vivre sans drogues (devenu Se libérer de ses dépendances)
Alors comment concilier ces deux états de soi - le citoyen, l'être.
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