vendredi 29 juin 2012

30 juin - Cap au Nord

En Islande, une journaliste de 37 ans peut être candidate à la présidence de la République, recueillir en un week-end les 150 000 signatures de citoyens nécessaires (elle est parait-il une reporter télé "populaire") et atteindre illico 46% d'intentions de vote. Ça laisse rêveuse. En Islande, deux mois de campagne suffisent avant l'élection. Ça fait rêver aussi - surtout en imaginant Thora Arnorsdottir accomplissant ce parcours enceinte de 8 mois, pour accoucher d'une fille quelques jours avant la date fatidique du 30 juin. 

Axel Sigurdarson
Tout cela donnerait déjà des raisons de se réjouir. Mais en plus elle est favorite contre le sortant, le vieux Olafur Ragnar Grimsson (au 5e mandat, peut-être que ça suffit, non?). Alors là, ça devient  excitant. Là-bas, dans cette exotique contrée où la présence d'un troll suffit à éviter de couper un arbre (faut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'arbres, alors autant les sacraliser), il y a déjà eu une femme à la tête de l’État. Mais cette fois, tenez-vous bien, les garçons: voilà les quatre premiers postes dans la hiérarchie politique du pays détenus par des femmes : la présidence de la République (plutôt honorifique), la tête du gouvernement (Johanna Sigurdardottir Première ministre ), la présidence du parlement (Asta Ragnheithur Johannesdottir, parti de l’Alliance sociale-démocrate) et la tête de l’église d’Islande (Sera Agnes Sigurdardottir, première femme évêque du pays le 1er juillet).
Et pourquoi tant de soudaine popularité féministe? Sans doute parce que le pays est au plus mal, pas encore remis de sa faillite. C'est l'explication de la nouvelle évêque dans Libé: «En raison de tout ce qui s’est passé depuis plusieurs années dans notre société tenue par les hommes, les gens attendent quelque chose de neuf. La reconstruction du pays passe désormais par les femmes.» Après tout, il n'y a pas de raison de craindre qu'elles fassent pire.
Un des films les plus intéressants que j'ai vu récemment, c'était sur Arte (of course), islandais (of course), avec une femme pour héroïne (of course), poète et addicte à la Mari (ça, c'est du bonus): Back soon, de Solveig Anspach (2007), un bijou rigolard qui donnerait presque envie d'émigrer (hélas, je blague; mais à voir le sort des femmes méditerranéennes, il vaut mieux le Nord que le Sud. Ici, même la religion a viré sa cuti, on y prie le "Notre Mère" qui est aux cieux aussi bien que le "Notre Père").
http://www.telerama.fr/cinema/films/back-soon,351359.php




1 commentaire:

  1. Dommage: le vieux Ólafur Ragnar Grímsson, en poste depuis 1996, a été réélu pour son cinquième mandat. Il a obtenu 52.4% des voix contre 33.4% seulement à Thóra Arnórsdóttir (malgré les sondages qui la donnaient gagnante).

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