La campagne électorale peut commencer à tourner autour d'autre chose que du score de Le Pen (Vous avez remarqué, elle tente un nouveau concept, les "marinistes"? Pour faire oublier son papa? Pour lancer le 2e étage de sa fusée perso?) : après avoir parlé de "souffrance" et de "colère" (c'est déjà moins misérabiliste), qui va dire les choses avec sincérité?
A lire Pierre Veltz (La Grande transition, Seuil, 2008) et Laurent Davezies (La République et ses territoires, Seuil, 2008), les mystères du vote Le Pen et de leur géographie néorurale s'éclaircissent. Ces deux économistes décrivent le fossé entre la France orientée futur (celle des métiers branchés sur l'innovation, celle des grandes villes) et la France coupée des mutations technologiques - celle de petites villes qui, jusqu'à ces dernières années, étaient restées relativement à l'abri du monde et de ses tumultes. Mais la dernière crise a fait voler en éclat des protections qui, pour l'essentiel, étaient des illusions : comment espérer conserver les qualités du mode de vie urbain en allant vivre "à la campagne", dans des communes qui n'ont pas les moyens financiers de les assurer? La hausse du prix de l'essence devient dramatique lorsqu'on habite loin des centres, l'isolement perd toute séduction lorsqu'il n'est plus amorti par les services publics.
Ils se sont plantés : les voilà obligés de se supporter, dans des pavillons mal construits et plus coûteux que prévu. Au lieu de reconnaître des erreurs auxquelles ils ne peuvent plus grand chose, ils accusent les "autres" (en particulier les immigrés que, justement, ils ont voulu fuir en quittant les banlieues).
Quelles solutions à cette impasse? Ces malheureux sont-ils perdus pour la République? Comment les faire profiter de la mondialisation, eux ou, au moins, leurs enfants? J'en sais fichtre rien.
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