Il y a comme un effet de pause. Après les invectives, les grognements, les grands mitinges, on attend. C'est le moment de prendre un instant pour réfléchir (dans l'ancien collège de Malakoff, dénommé Georges de la Tour, un prof avait affiché au-dessus du tableau noir "Une minute... On réfléchit").
Pour moi l'injonction tombe bien, j'ai le cerveau embrumé. "Bosser bosser", c'est l'effet que ça me fait: me sens coupée du monde - un peu (quand j'étais jeune ce sentiment d'isolement au moment d'écrire un livre était violent, j'en sortais épuisée). Comme si le disjoncteur de mon compteur énergétique sautait tout seul. J'aime pas du tout cet effet de glaciation. J'ai peur d'y perdre de l'humanité.
Mais n'exagérons rien : image du tueur d'Oslo - dans Libé, gros plan sur ses yeux, son absence de regard, dans ce visage gras et blanc, d'une insoutenable laideur.
Donc, ne pas oublier de réfléchir. Sans affolement ni indifférence. Marguerite Duras dit dans Hiroshima mon amour: "Les occasions de rendre des gens pensifs sont toujours excellentes." C'est au Théâtre des Abbesses jusqu'au 27 avril, invitation à "y" penser - "y" pour l'amour, la coïncidence entre l'histoire des unes et l'Histoire des uns, la mémoire et l'oubli. Et la violence du désir au moment de la rencontre - bien sûr les souvenirs de notre rencontre sont venus, la faim de se parler se parler, la découverte de ta peau, la danse de se séduire sourire, la petite vague de l'espérance qui gonfle à l'intérieur.
Attention, quand la pensée se met dans les creux, elle se déplie.
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