mercredi 21 mars 2012

22 mars - encore des villes nouvelles

Retour côté israélien, Modin, à mi-chemin entre Jérusalem et Tel Aviv. Explosion démographique (2% par an), manque de foncier, hausse des prix immobiliers... Le "mouvement des tentes", cet été, a mis le pays sans-dessus-dessous sur le thème surtout du manque de logement - pour les jeunes, les classes moyennes, sans parler des pauvres. Donc il faut construire.
Combien? A quels prix? Pas de réponse simple. L'approximation des chiffres ressemble à un sport national. Quand on discute le pourcentage de terres appartenant à l’État (93% selon certains, 89% selon d'autres ou moins encore compte tenu des propriétés privées, nombreuses dans les villes). Quand les ultraorthodoxes se comptent à Jérusalem (plus du tiers disent-ils). Quand, pour éviter de reconnaître l'urgence du problème, le gouvernement divise les listes d'attente de logements sociaux entre Israéliens anciens et nouveaux arrivants ("nouveaux" pendant 14 ans ou la moitié, selon les sources)... Certains peuples antiques comptaient "un, deux, trois, beaucoup", mais pas les Hébreux, peuple de bergers, qui avaient besoin de précision. Le flou des chiffres renvoie peut-être plutôt à un goût fervent du débat ("Deux juifs, trois opinions", dit une histoire israélienne).
La ville nouvelle de Modin a été programmée il y a vingt ans et d'heureux élus y vivent depuis quinze. L'urban planning et l'aménagement du territoire, c'est le plus costaud ici (mieux que le projet urbain et l'architecture). Par exemple quand il s'agit de planifier un grand pôle de l'armée en plein désert du Neghev, à la fois pour développer cette zone très pauvre et pour libérer des terrains chers au centre du pays (le projet, vrai serpent de mer pendant vingt ans, va commencer à sortir de terre).
Côté palestinien, la ville nouvelle est aussi un art nécessaire - les empêchements à construire dans les zones contrôlées sévèrement par Israël (les zones C) obligent Ramallah à avancer vers le Nord. Et voilà le projet pharaonique de Rawabi: au milieu des oliviers, à équidistance de Ramallah et de Naplouse, 5000 logements, une vraie municipalité à constituer (hôtel de ville touchant la mosquée), des commerces et des tours de bureaux, un hôpital... 1 milliard de dollars à investir en une dizaine d'années, sur fonds qatari (et un peu palestiniens).
Autre projet phénoménal, sur investissements privés palestiniens, une cité touristique aux portes de Jéricho, à deux pas de la Mer Morte, en plein désert. Là, un minimum de 1 milliard de dollars encore. Tout ça porté par une nouvelle génération de businessmen, qui veut faire de l'argent mais aussi investir dans le pays: pragmatiques, ces quarantenaires bien mis et ouverts ont décidé de ne plus attendre la paix : "Depuis 3-4 ans, nous avons cessé de  nous sentir victimes. C'est difficile mais il n'y a pas d'alternative, il faut vivre, avancer, inventer des solutions, et nous y arrivons" dit l'un. "Ce n'est pas facile mais ça se construit", dit l'autre.

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