Pas moyen d'échapper à la grande querelle qui anime les rues ce week-end autour du "mariage pour tous". L'heure est à l'affrontement, aux excès. D'un côté l'hypocrisie et l'homophobie camouflée, qui n'hésite pas à craindre pour la "paix civile" (ce sont eux les plus violents) et va même jusqu'à confondre parentalité homosexuelle et inceste... Des instances religieuses qui se plaignent d'un manque de débat et se gardent bien de l'organiser en leur sein.
En face, la mauvaise foi d'une demande d'égalité (du genre "moi aussi je paie des impôts") qui confond égal et identique. Et qui revendique un "droit" à la procréation médicalement assistée - depuis les débuts des fivettes, ce "droit à l'enfant" me fait frémir.
Confusion à tous les étages. Confusion cultivée dans le sigle LGBT, tout le monde sous la même bannière, lesbiennes, gays, bi, trans - comme si tous vivaient les mêmes difficultés. Confusion des genres, évidemment. Je me fais l'effet d'une vieille ringarde, à défendre la notion de genre comme vitale, fondamentalement humaine, décisive parce qu'elle est la première différence, la première séparation, et nous avons terriblement besoin de séparations pour exister en tant qu'individus entiers, autonomes, adultes: je crois, oui, que la souffrance des séparations successives et des renoncements participe au processus d'individuation qui nous fait humains.
Le plus compliqué, dans la situation actuelle, c'est d'assister à ce combat entre normatifs. Ceux qui défendent une vision étriquée de la norme familiale et se moquent des réalités - les familles homosexuelles existent, leurs enfants existent, mais ceux qui refusent cet état des choses n'envisagent pas que la société y apporte une réponse. Mais comment me sentir solidaire de ces autres affolés de la norme, qui réclament pathétiquement le droit d'être comme tout le monde? A eux tous, ils se liguent pour éviter une rénovation en profondeur de nos codes. Pourtant, nos organisations sociales ont abouti à des familles si dysfonctionnelles, partout, que les névroses et les addictions, partout, prolifèrent.
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