Encore la gare, le TGV, le retour sur Paris. Avec un drôle de sentiment : le vide devant. Un vide plein à ras bord de boulot (faudrait-il mettre un "s" à bord? le Petit Robert ne sait pas. Peut-être oui si on imagine non pas une coupe mais des récipients variés. Pour l'heure, je me sens plutôt comme une citerne qui n'arrive pas à produire, donc à se vider). Ce "ras bord" a un goût de "ras le bol" mais faut avancer quand même. Sans laisser l'estomac se tordre.
La solution, ce serait sans doute d'aménager une échappatoire (et non pas "un" : la dérobade est féminine, quoiqu'on en pense). C'est-à-dire un délais officiel pour la remise de ce livre sur Malakoff, qui aurait dû être quasi achevé au début du mois de mai. Mais qui n'a pas encore d'éditeur choisi et pas de dead line (à part l'engagement que j'ai signé et contractualisé...). Encore une fois, je me suis laissée prendre par le temps qui file, par l'abondance de matière, par mon impuissance à écrire vite (quand je pense qu'avant, j'empilais les pages héroïquement! Hélas, ça ne marche plus).
Mais le vide, alors? "Dépeuplé", "abandonné", suggère le dictionnaire des synonymes. C'est le manque qui attend, tapi dans la cavité sombre : pas de rendez-vous prévu avec l'amant, lui en proie à ses échéances familiales, moi en attente de "ce qui va se passer" et qui nécessairement va changer ma vie (non, pas "nécessairement", c'est seulement mon espérance).
"Je suis une maison vide, sans toi, sans toi", chantait Corinne Marchand dans Cléo de 5 à 7 ("comme une île déserte que recouvre la mer"). Justement, Agnès Varda présentait à Cannes une version remastérisée de ce film magnifique, déchirant, dont tant d'images me restent en tête, sans doute à cause du cancer, de la peur du cancer, qui touche les femmes désertées. Mais aussi pour la beauté de Corinne Marchand. Et pour la musique de Michel Legrand. Et pour ce jardin où elle se promène avec un jeune soldat en partance pour l'Algérie en guerre et qui, lui aussi, a peur de mourir.
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