23 mai - Peste et choléra

Branle-bas de combat démocratique en Égypte, il parait que ce sont de vrais élections, pour un vrai président de la République (la première élection réelle de l’Égypte moderne, résultat le 21 juin). Pourtant, le choix est terrible, entre peste et choléra : le vieux monde avec Amr Moussa, ancien ministre de Moubarak, favorable aux militaires, libéral et rempart contre les islamistes; Abdel Moneim Abul Fotouh, médecin et dissident des Frères musulmans, jouant la carte de l’islamisme libéral; Mohammed Morsy, candidat des Frères musulmans, à qui la majorité au Parlement ne suffit pas; Hamdeen Sabbahi, socialiste et nassérien, favori des intellectuels laïcs, non compromis avec le régime Moubarack ou l'armée (ce qui lui laisse peu de chances de l'emporter).

Ça rigole pas. Comme en Turquie, l'essentiel du choix a l'air de se décider entre l'armée et les islamistes. Pas notre idée européenne de la démocratie, c'est sûr. Ce que l'ami François Beaune raconte sur sa visite à Alexandrie et au Caire (dans sa quête d'Histoires vraies autour de la Méditerranée: http://www.mp2013.fr/histoiresvraies/) me fait frémir : une société engluée dans la religion, les prières toute la journée (comme les muezzins ne se calent pas sur les mêmes horaires, d'un quartier à l'autre, il y en a toujours un qui chante), les prières dans le métro, dans le taxi (les chauffeurs les moins pieux écoutent des chansons à la radio mais les interrompent pour les prières), dans la rue... Sans parler des femmes en noir et des voiles de toutes sortes. Ni des manifestations cairotes qui s'attaquent depuis quelques jours aux étrangers de passage. Le tout sur fond de tensions vives, agitation post-révolution, conflits entre factions.

Non, ça rigole pas.

Il y a des jours où je suis pleine de gratitude pour la vie qui m'a fait naître ici, en Europe.