Le "Printemps des poètes", c'est l'occasion médiatique de se rattraper parce que, le reste du temps, la poésie n'existe plus. Une histoire triste, dans ce pays qui a été pendant une petite centaine d'années (entre Baudelaire et Apollinaire ?) un cœur de création. Après, il reste Cendrars (mais il est Suisse), Aragon (mais il a mal tourné), Eluard (ça chante un peu trop léger), Prévert (lui encore plus), Char (un peu trop lourd)... Beaucoup d'autres mais rien de si décisif et Duras a peut-être tué la poésie française (pour un moment du moins) en l'infusant aussi profondément dans le texte, les mots sans limites.
Est-ce un malheur?
D'autres formes littéraires intimes se sont épanouies, courtes, chantées, filmées... Plus simples, alors que la "poésie" estampillée telle se compliquait. Davantage mêlées aux autres arts - il y en a dans la vidéo, la danse, le théâtre...
Mais les mots fluides qui coulent sans autre but que passer? Les mots en quête de voix, les couleurs et les parfums incarnés dans ce mariage entre le grand univers et les petits sois, union fragile (à chaque fois, elle tient du miracle) et pourtant puissante - elle renverse les obstacles de l'intellect, pour réunifier le mental, l'émotion, le corps. Cette opération-là, c'est ma définition de la beauté.
Le malheur, en fait, est le mien, celui de ne pas écrire.
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