lundi 3 septembre 2012

4 septembre - L'obsolète

Rentrée à Aulnay-sous-Bois, dure chez Peugeot, fermeture programmée: 3 000 emplois en Seine-Saint-Denis avant 2014 et PSA annonce la suppression de 8 000 emplois au total en France - ça fait encore 5 000 à trouver. Tout ça parce que les Français n'achètent pas de voiture (13% de moins depuis le début de l'année), donc les constructeurs n'en vendent pas. Mon homme en profite : il vient de se commander une Renault, on lui rachète la sienne au double de sa valeur argus et on lui fait un crédit quasi gratuit (sans parler de la ristourne, évidente): ça sort une bagnole neuve au prix d'une occasion.
On peut se dire "extrêmement préoccupé" (pauvre Hollande), on peut annoncer des luttes jusqu'au dernier sang (pauvres syndicats) mais il n'y aura pas grand chose à faire. Une illusion s'effondre, l'espoir entretenu à coup de subventions de maintenir une filière telle quelle, malgré la mutation de la société, malgré les nécessités écologiques, malgré la crise économique.
Ah ils avaient promis, les Renault et PSA, qu'ils faisaient tout leur possible, qu'ils croyaient en l'avenir. Au cours de notre étude pour Axe Seine (avec Antoine Grumbach, en 2010), l'OIN du Mantois y croyait (commanditaires de l'étude) et refusait de publier cash ce que l'enquête menée par Orgeco sur le terrain avait montré : Renault n'était pas prêt de lancer sur son site de Flins une nouvelle production car il n'avait pas mis en route les sous-traitants qui font la filière. Peugeot semblait plus assuré, "très attaché" à son site de Poissy, disait-on... Comme si une boîte de cet acabit avait des états d'âme! Quant à la recherche, aux automobiles de l'avenir, les discours enthousiastes se projettent à des décennies, mais rien entre maintenant et là-bas. Et même la voiture électrique : au mieux, les gars de Renault tablaient sur des parts de marché encore très marginales en 2020.
Le cas de l'industrie automobile, c'est l'illustration quasi parfaite des difficultés de l'époque: il faudrait préparer la 3e révolution industrielle, mettre le paquet sur l'innovation et les activités créatives, calculer avec la généralisation des comportements alternatifs et inventer le type de croissance qui va avec tout ça. Mais en attendant, on se traîne l’obsolète et ses malheureux.

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