Notre transhumance nous conduit jusqu'à la mer, invités chez Jean-Michel, homme généreux. Surtout besoin de mer : comment vit-on sans la mer? Sophie Calle, à Arles, expose une pièce où elle filme des habitants d’Istanbul qui n'avaient jamais vu la mer et qui la contemplent pour la première fois. Les hommes pleurent - ou du moins essuient quelques larmes. Les femmes rient. (il y a aussi un garçon rieur et une femme au visage tragique). Un peu difficile de s'identifier à eux - je ne me souviens plus de ma première mer, il me semble l'avoir toujours connue. Mon amour aussi, lui qui est né tout près de l'océan. Et pourtant, retrouver la mer, à chaque fois, ressemble à une première: grande bouffée d'air qui gonfle les poumons. A cause de l'ouverture extrême (un peu le même sensation en montagne)? Ou à cause de la grande étendue océane et alors ce serait nos cellules qui soupireraient face à toute cette eau dont elles viennent (un peu la même sensation devant les étoiles)?
Sophie Calle expose ces vidéos en pendant d'une autre pièce - les deux ensemble s'intitulent "La première et la dernière fois" : des Turcs encore, devenus aveugles, racontent leur dernière image - des photos, un texte très court. Ici l'émotion est intense, peut-être à cause du sentiment d'injustice, de perte, irrémédiable.
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