mercredi 23 mai 2012

24 mai - Péage sauvage

Un péage, taille presque normale, mais en bois et transformé en belvédère : on est prié d'escalader pour observer, droit devant, la vie boisée de la Petite Amazonie, drôle d'enclave de nature dans Nantes. On est prié aussi de s'installer comme on veut sur le plateau disposé à l'entrée de ce  "Péage sauvage". 
©Observatorium
L'œuvre a été conçue et réalisée par le collectif Observatorium. Un groupe venu de Rotterdam, mêlant art, architecture, design. Repéré à l'occasion de l'expo Ruhr 2010 avec leur "En attendant la rivière", un pont en bois de récupération des ports rhénans, sculpture jetée sur l'Emsher, une rivière encore très polluée.
"Péage sauvage" n'est pas une installation ordinaire : elle demande à être appropriée, transformée - les artistes resteront sur place jusqu'à la fin de l'été pour voir comment ça tourne et quelles modifications apporter. Ensuite, elle vivra sa vie.
Mon amoureux critique l'objet - à force de voir partout ces structures en bois, il trouve difficile de s'en émouvoir. Mais quand même, j'aime le projet, parce qu'il fabrique un vrai espace public et qu'il joue à fond une dimension collective de l'art qui, je l'espère, va prendre toute sa dimension quand elle sera généreusement customisée.
L'idée ici est un pur "in situ" : cette poche de verdure non domestiquée, à quelques pas du centre historique de Nantes et en bordure du grand ensemble de Malakoff, est le fruit d'un hasard historique: protégé par les talus de voies ferrées, bombardé pendant la guerre par les Alliés qui voulaient détruire la gare et les ponts tous proches (ce qui a créé des trous d'eau favorable au développement d'une zone humide), ce territoire de 15 ha a été préservé de l'urbanisation par un projet de pénétrante autoroutière - abandonné à la fin des années 1980 - et finalement classé en zone Natura 2000. La seule atteinte qu'il supporte aujourd'hui à sa transformation en nature réellement sauvage, c'est la présence de petites vaches, qui empêchent la forêt de gagner tout l'espace.
Observatorium s'est inspiré de toute cette histoire pour imaginer son "Péage sauvage", une commande de la Biennale Estuaire. La manifestation Estuaire n'ouvrira pleinement qu'à la mi-juin mais elle démarre ici un mois avant, pleine de bonnes intentions vis-à-vis du quartier social voisin : des médiateurs sont à pied d’œuvre pour intéresser les écoles, les parents, les jeunes. Et pour accueillir les visiteurs, à commencer par les Nantais, pour qui Malakoff reste un quartier de mauvaise réputation.
Aventure à suivre sur le site : http://observatoriumrotterdam.blogspot.fr/

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