mercredi 11 avril 2012

12 avril - l'art du pied

Retour à Nantes - ciel, ça fait un bail (deux semaines!). Toute frétillante à l'idée d'y retrouver l'amant. D'autant que nous avons rendez-vous pour y partager des massages chinois et une séance de réflexologie plantaire, stimulantes explorations et promesses tendres.
L'art du pied est essentiel à l'existence - du moins à la mienne. Pieds lieux de faiblesse (je les ai cassés plusieurs fois, sans compter les chevilles foulées ; lui aussi blessé à plusieurs reprises)  mais espaces de jouissance et de communication (quand même sacrément œdipien, tout ça). C'est fou ce qui se dit par quelques pressions, tournis, caresses à cet appendice souvent déconsidéré (quel stupide a décrété cet adage insane "bête comme ses pieds"?) et pourtant vital : sur lui, le corps tout entier repose, de la racine terrienne jusqu'à la racine des cheveux.  Grâce à lui l'allant de la vie, le déroulé, la course...
L'amant aime aussi ces communications de doigts à orteils. A nos débuts, mes talents de masseuse aux pieds furent une arme de séduction massive, expression de mon désir à son corps adressé, mon engagement à prendre soin de lui, ma délicatesse et mon savoir-faire. D'autant plus bienvenue que ses pieds à lui étaient en piteux état, tout parcheminés, raides, quasi désincarnés malgré des ongles épais sur des orteils tordus.
Tous les deux, nous avons le pied douloureux. Lui, géant aux pieds d'argile. Moi,  vite instable. Comme si, là, nous cachions l'un comme l'autre notre expérience trop précoce de la solitude. Tant de manques sublimés - à force de se prendre, le pied s'abandonne.

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