Péter un câble. J'ai mal partout, je hais ce métier, cet ordinateur, ces mots qui ne veulent pas couler gentiment sur la page, cet esprit englué, ces semelles de plomb. Je hais ce temps ennemi, pas moyen d'en faire un complice, il est seulement bourreau, lourd sur mes épaules, me transforme en olive, la première pression à froid c'est loin derrière, j'ai rendu il y a longtemps toute la bonne huile et ce qui coule maintenant du pressoir c'est de la merde juste bonne à faire tourner les moteurs, sombre. Où est la lumière?
Idiote, en rage, désespérée. Et la certitude que tout cela ne sert à rien. Parce que je produis des mots gris, pas plus de sens que ça, aucune grâce, aucune chance de toucher qui que ce soit. Pour un ouvrage qui ne méritera l'attention que par ses photos, comme d'habitude. Qui fera plaisir à une poignée de personnes, et décevra tous les autres. Et qui ne changera le regard de personne (le seul critère qui vaille pour juger un livre : change-t-il le regard?).
Un dimanche devant l'écran, ça me rappelle tant d'autres dimanches du même tonneau. Entendre la pluie sur le toit ne suffit pas à me faire plaisir. Et puis la colère contre moi: pourquoi je me suis encore collée dans cette situation? Pour gagner des sous? Mais je me perds dans l'affaire. Et en août je remets ça, avec à nouveau une date intenable qui me laissera sur le flanc.
Et un seul sentiment qui surclasse tout : solitude.
De cet homme rencontré il y a bientôt deux ans, de cet amour, de cet engagement, je me suis laissée aller à espérer qu'il me délivrerait de la solitude. Aïe!!! Tombée dans le panneau, encore? Je le sais bien, pourtant, que la solitude est intérieure, définitive. Ce serait plus malin de travailler avec au lieu de laisser le travail m'écraser avec.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire