Lancement des soldes, moment de communion consommatrice – dans la presse, un «marronnier», incontournable et cyclique. Sur Internet, des préparatifs au moins aussi stimulants mais inquiets que dans les boutiques. Cette année, j’ai pas de sous à dépenser, alors la grand’messe me concerne pas trop. Mais pendant des années, grâce aux soldes, j’ai monté au rabais ma garde-robe chic, dont je profite encore avec conservatisme – certaines pièces ont plus de 25 ans, âge que je mesure en essayant de me souvenir de ma fille au moment de l’achat. Ma fille, c’est mon repère temporel, pas forcément précis mais globalement efficace.
Il y a pas mal de choses que j’aimerais bien solder dans ma vie, histoire de me libérer d’un surplus fatiguant d’objets – ah, il avait raison, Georges Perec, d’alerter ses contemporains sur l’obsession des « choses », l’envahissement programmé des intérieurs. Paradoxe des soldes : alors que tout un ramdam invite à acheter, le mot lui-même suppose de se débarrasser – vases communicants. Entre les deux mouvements, la juste posture serait de peser les valeurs : le prix de la vie et le tarif des choses, les récompenses espérées et les factures à payer, ce que je/tu/nous sommes prêts à consacrer au bonheur / à la vérité / à l’avenir…
Consacrer ? Sacrifier ? « Pour solde de tout compte » : il y a là aussi une invitation à renoncer à ses habitudes – mot flou qui cache autant de névroses que d’addictions ou simplement de trouilles.
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